Mantegna (4/4), une expo à aller voir deux fois

Comme avec le Saint-Sébastien, la Sainte-Famille montre que Mantegna ne se répète jamais en reprenant un sujet déjà traité.



Il a vraiment profondément marqué le quattrocento.


 

Et que dire des œuvres de son beau-frère Giovanni Bellini, qui justifient à elles seules un voyage à Venise (nombreuses œuvres intransportables car à perpétuelle demeure dans des églises), et représentées à Paris par Trois histoires de Drusienne et Saint-Jean, à l'impressionnante maîtrise de l'espace...

...Ainsi qu'une magnifique Vierge à l'enfant...

...dont Mantegna s'inspirera

(tableau ci-dessous -extraordinaire de douceur- non présenté à l'exposition).

Sur un sujet voisin, l'adoration des mages.

Retour à Bellini, avec un Christ bénissant livide, bouleversant, pâle comme un linge...

...à rapprocher de l'Ecce homo de Mantegna.

Que penser également du fulgurant portrait d'Isabelle d'Este par Leonard de Vinci ? Quelle belle époque...

...Quelle riche idée de n'avoir pas limité l'exposition à un seul peintre. On sent déjà que le dessin des succcesseurs de Mantegna sera plus doux, qu'il n'est pas nécessaire de reproduire avec un soin maniaque les abdominaux des messieurs, et de tous les présenter comme des descendants des statues antiques (David et la tête de Goliath). Quelques années après sa mort, Vinci et Michel-Ange complètent l'oeuvre de pionnier qu'il accomplit avec Della Francesca en portant la discipline à un tel degré de perfection, que leurs successeurs ne pouvant faire mieux, ils devront faire autre chose.

Pour terminer en apothéose, son plus beau tableau, certes visible le reste de l'année ailleurs au Louvre, mais mieux exposé ici (lumière, recul, alentours), la Vierge de la Victoire, synthèse de toutes ses qualités, véritable feu d'artifice où éclate son art de la composition, du portrait, son incroyable rendu des surfaces et des volumes les plus différents : armure, tissus, marbre, pierre, mais aussi fruits, fleurs, corail, dans un décor moins minéral qu'à l'accoutumée. Enfin, de la verdure !
Et par dessus tout, le parfum spirituel qui s'en dégage, l'harmonie, la douceur, contenue entièrement dans le geste relâché et plein de bonté du bras droit de la Vierge. Tous les défis sont relevés, sur tout type de forme et de matière. Une exposition tellement belle et dense qu'il faut y aller au moins deux fois.