Sophie Peeters pétasse ?
Salope ?
Non, c'est juste une passante, une "femme de la rue". Mais cette jeune belge subit au quotidien, comme des centaines
de millions d'autres femmes partout sur la planète, l'incorrection masculine, le sale machisme. Son reportage en caméra cachée dans la banlieue de Bruxelles a beaucoup fait réagir. Exemple :
« L'argument le plus pénible, quand on évoque le harcèlement de rue ou tout autre type de harcèlement
banalisé, est celui qui consiste à dire "Mais alors, on n'a plus le droit de draguer ?", ou encore "Vous devriez être flattées !".
Je ne comprends pas qu'on puisse assimiler la drague au harcèlement, et je ne comprends pas non plus qu'on
puisse prétendre à une quelconque difficulté de faire la différence entre les deux. Parce que, dans mon esprit, la différence est d'une limpidité totale.
Eh non, draguer n'est pas un délit. Eh oui, cela peut être flatteur : il n'y a pas de mal à faire savoir à une
personne qu'on la trouve séduisante. Mais pour moi la différence est nette : la drague est une main tendue, le harcèlement est une main qui s'abat.
Concrètement, dire bonjour à une femme et tenter une approche courtoise, en l'invitant par exemple à prendre
un café ou un verre et en l'informant qu'on la trouve jolie, ne m'apparaît pas un comportement de harceleur tant que l'attitude se cantonne à une proposition. Proposition qui intègre trois
éléments essentiels :
1. Pour faire une rencontre, il faut être deux.
2. Sans consentement de la femme, il n'y a pas de drague possible.
3. L'absence de consentement (la femme ignore la proposition) ou le refus explicite (la femme décline la
proposition) met un terme à l'approche et ne constitue en aucun cas une justification à des insultes, des propos sexistes, et une affirmation péremptoire de disponibilité sexuelle de la
femme.
Il me semble donc assez simple de distinguer la drague (proposition, main tendue) du harcèlement. Entre "Je
vous trouve séduisante / charmante / vous me plaisez, ça vous dirait de prendre un café ?" et "T'es bonne, vazy, fais pas ta difficile, une petite gâterie vite fait / Connasse mal baisée, tu te
prends pour qui ? / Allez, je sais que vous en avez envie", il n'est pas compliqué de faire la différence.
Celles et ceux qui objectent que les femmes devraient se sentir flattées par ces prétendus "hommages"
assimilent la drague au harcèlement ou, pire encore, nient l'existence de ce harcèlement, dans le but de disqualifier la parole des femmes, et seraient donc bienvenu(e)s à ouvrir un peu les yeux.
»
extrait d’un article de Gaëlle-Marie Zimmermann paru dans le Nouvelobs
du 2-08-12
Voilà : dans leur foyer, quatre vingt onze pour cent des femmes échappent aux violences conjugales, mais aucune, nullepart, ne peut échapper, en sortant dans la rue, à des regards lourds. C'est désagréable, mais ce n'est pas de
la violence.
Par contre, cela en devient si le type indélicat y joint la parole (voire le geste). Elle commence là, très
insidieusement, la violence, par le harcèlement. Au hasard, gratuitement, anonymement.
Et nous ne parlons là "que" de la rue : on sait très bien que la situation ne s'arrange pas vraiment pour la femme
dans le monde du travail...Parlez-en à certaines anciennes collaboratrices de D.S.K. par exemple...
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