amours impossibles à cause...du mec

Génie de la tragédie amoureuse, Max Ophüls doit à ses origines viennoises de savoir faire tourner sa caméra autour de ses personnages mieux qu’une valse. C’est bien simple, cette élégance ne se retrouve chez aucun aucun cinéaste.
Il sait également, mieux que personne, mettre en scène une femme qui s’illusionne sur la réciprocité en amour. Que ce soit dans Madame De… ou Lettre d’une inconnue (adaptée de Stefan Zweig), l’héroïne n’est pas payée de retour par celui celui pour qui elle a les yeux de Chimène. L'homme y est léger, inconséquent, voire lâche, et entraîne sans s’en rendre compte la femme, renfermée et prisonnière de ses sentiments vertigineux, vers un cruel destin : abandon, indifférence. Impossible de ne pas être bouleversé par ces destins tragiques si finement racontés et cadrés.

Difficile d’imaginer, en lisant ces quelques lignes, à quel point ce cinéma oublié en noir et blanc des années cinquante résiste au temps et est toujours aussi sublime.
D’arriver à nous faire « lire » aussi bien, sur le visage d’une actrice, ce qui se passe dans la tête de l’héroïne (Danielle Darrieux ou Joan Fontaine, toutes deux exceptionnelles) est bluffant. Le non-dit nous est offert sur un plateau d'argent.

Le terme « septième art » convient parfaitement à ce cinéma intemporel, savant mais très accessible, suprêmement subtil, sensible, intelligent…Et si beau…
Miraculeux, plus d’un demi-siècle après encore.