le studio de la terreur

Le titre du reportage est pertinent, et très évocateur : Daech nous montre le pire de ce qui peut être diffusé à la télévision . Dire que toute cette « mise en scène » est volontairement hollywoodienne... A la différence près que, dans les studios de Los Angeles, la violence est simulée, alors que là, c'est la plus sordide des télé-réalités qui est filmée, comme un mauvais remake de Seven pris sur le vif, croisé avec Koh Lanta : des innocents meurent sous les caméras après un pompeux et sordide cérémonial. Insoutenable.

Heureusement que tous nos grands médias censurent systématiquement cette propagande qui aurait fait passer Hitler pour un enfant de choeur.

Les journalistes mettent parfaitement en évidence le projet de Daech : se saisir du pouvoir des images occidentales, l'utiliser en tant qu'arme, et la retourner contre ses concepteurs américains, en recyclant leurs codes, leurs thèmes, en imitant leur style, en utilisant leur matériel, leurs techniques.

Arroseurs arrosés, les Américains payent cher leur habitude de faire de l'Arabe l'idiot du village, le François Pignon local, comme celui d'Indiana Jones, convaincu de la supériorité du sabre sur le revolver...

...ou ceux de True Lies, incapables de faire tourner correctement un camescope.

Mais guère surprenant, à bien y réfléchir, si l'on considère que l'immense majorité des plus grands producteurs de cinéma américain se nomment -non pas Metro, mais- Goldwyn, Mayer, Selznick, Weinstein, Spielberg, Rudin, Spiegel, Grazer, Zaentz, Winkler, Wallis, Pollack, Kramer, Ruddy, Silver ou Bruckheimer !

Il y a une forme de vengeance, dans ces images, une façon pour ces intégristes de dire « ah, alors comme ça vous vous trouviez drôles ! Et maintenant que vous avez visionné nos images, vous riez moins, n'est-ce pas ? Ça fait quel effet d'être de l'autre côté du fusil, face au canon ? C'est nous qui tirons les roquettes, maintenant »

Dommage que le documentaire ne tente pas d'expliquer pourquoi ces déséquilibrés sont passés à l'acte, car le cinéma américain moque aussi (ou, a moqué) les Indiens, les noirs, les latinos, les communistes, quasiment tout ce qui n'est pas wasp au final ! Et eux continuent à laisser dire et faire, that's entertainment. Depuis la destruction des tours jumelles à New York en 2001, nous coinçons sur le "pourquoi ?" de ces actes insensés, cette volonté farouche de faire très mal avec peu de moyens, de s'en prendre à des innocents, des lieux symboliques, alors que rien ne prédispose a priori l'islam à être plus sanglant qu'une autre religion.

Pour l'(ob)"scène" du pilote jordanien brûlé vif, le documentaire arrête bien entendu les images avant l'embrasement de la victime (donc, approximativement à la sixième des douze photos ci-dessous). Ces terroristes tuent moins que les nazis, fort heureusement, mais ils commettent des crimes aussi abjects.
Et Assad, le Président-boucher syrien, qui massacre son propre peuple dans des proportions mille fois supérieures à celles de Daech, il reste tranquillement au pouvoir, car les pays occidentaux privilégient les ripostes aux attaques perpétrées sur leur sol, et ciblent donc l'E.I. uniquement.