la folie du foot : une métaphore du monde

(…) le paradoxe central du foot contemporain : les joueurs gagnent des fortunes, mais les finances des clubs sont mauvaises ! (…)

La majorité des grands clubs sont détenus par des individus fortunés qui y engloutissent des sommes considérables sans espoir de retour financier. Ils le font pour le prestige ou pour leur passion démesurée du jeu, mais certainement pas pour gagner de l’argent. Le foot est le seul cas où des jeunes, venus le plus souvent des milieux populaires, rackettent des milliardaires avec le consentement enthousiaste de ceux-ci ! Le problème est moins dans le partage des richesses, entre joueurs et actionnaires, que dans les conséquences qu’il induit sur le foot lui-même.
La comparaison avec les Etats-Unis est à cet égard frappante et paradoxale. Les ligues sportives américaines sont totalement régulées. La masse salariale des clubs est fixée par la ligue et égalitaire. La compétition entre les clubs est beaucoup plus équilibrée et le spectacle de meilleure qualité.
L’Europe semble incapable de se donner les moyens d’une telle régulation. Et c’est peut-être en ce domaine que le foot s’illustre finalement le mieux comme métaphore : celle de l’incapacité de l’Europe à s’auto-organiser.

extraits d'un article de Daniel Cohen, économiste, paru dans L'Obs du 7-06-2018