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2018-11-10T06:13:00+01:00

processus de décolonisation ralenti

Publié par undetension
processus de décolonisation ralenti

Le référendum en Nouvelle Calédonie s'est bien passé, mais rien n'est réglé, car le pays reste inscrit par l'ONU depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser, et le « oui » a réalisé un score plus qu'honorable qui laisse de l'espoir aux indépendantistes pour 2020 et 2022.
Alors, comment en est-on arrivé là ?

Les premiers occupants de la Nouvelle-Calédonie, des Mélanésiens, les ancêtres des Kanaks actuels, seraient apparus il y a environ 3000 ans en provenance du Sud-Est asiatique, notamment de l'actuelle Malaisie. Il y aurait eu également des vagues d’immigration d'autres îles du Pacifique.
La Nouvelle-Calédonie fut découverte par les Britanniques, mais colonisée par les Français.
Afin de favoriser l'installation de colons, l'Administration coloniale concéda des terres aux nouveaux arrivants à partir de 1855. Pour ce faire, elle décida que toutes les terres non occupées feraient partie du domaine de l'État. Ce fut le début de la gigantesque spoliation des terres autochtones et de l'instauration des "réserves" délimitant les terres concédées aux "indigènes". Ceux qui étaient installés sur les meilleures terres — la côte ouest — furent contraints de migrer dans la chaîne centrale ou vers la côte est, moins fertile.
Devant l’échec de la colonisation en Nouvelle-Calédonie, Napoléon III décida d’agir comme en Guyane française et de créer en 1864 une colonie pénitentiaire. (de 1852 à 1938, ce furent finale-ment près de 100 000 condamnés aux travaux forcés, dont 2000 femmes, qui ont été déportés en Guyane française et en Nouvelle-Calédonie.)
Le peuplement était en réalité assuré par la libération des forçats obligés de s'installer dans la colonie. Cependant, après les lois d’amnistie de 1879 et 1880, la plupart des bagnards qui survécurent à leur déportation et à leur incarcération ont préféré regagner la Métropole.
Les autorités locales conçurent alors l’idée d’accorder aux forçats «les plus méritants» des concessions sur la Grande Terre. C’était ce qu’on appelait la «suprême récompense». Mais il fallait songer à une autre façon d'assurer le peuplement de la colonie et développer une véritable politique de l'immigration.
Pour ce qui est de la colonie néo-calédonienne, on peut facilement comprendre que l’administration pénitentiaire était vite devenue le premier propriétaire foncier et la plus importante puissance poli-tique et financière du territoire. Mais avec une telle colonie pénitentiaire et pratiquement paramilitaire, la France ne pouvait apparaître aux yeux des autochtones que sous son visage le plus dur et le plus répressif.
La fonction pénitentiaire de la colonie fut complétée par une politique d’immigration destinée à peupler le territoire d’Européens. Tout d’abord, le gouvernement pensa compter sur les ex-bagnards, puis sur les émigrants français grâce à l’attribution gratuite de terres. Et la découverte du nickel par Jules Garnier en 1863, suivie de la «ruée du nickel» de 1870, favorisa un peu plus l’immigration de la main-d’œuvre à bon marché: Indiens de La Réunion, Indochinois etc. À partir de 1871, la Nouvelle-Calédonie bénéficia de l’arrivée d’émigrants d’Alsaciens et de Lorrains fuyant l’occupation allemande.
Évidemment, seuls les émigrants français, et non pas les travailleurs étrangers, pouvaient bénéficier de terres gratuites. Un arrêté de 1884 précisait: Une concession gratuite est accordée à tout émigrant. Cette concession se compose d'un lot de village, d'un lot de culture et d'un lot de pâturage.
La concession ne devenait définitive que lorsque l'émigrant s'acquittait de certaines obligations comme la résidence obligatoire, la construction d'une habitation, la mise en valeur des terres concédées, etc. Si l’émigrant ne satisfaisait pas à toutes les conditions du contrat, il se voyait déchu de ses droits et la concession retournait à l’État.
Mais l’émigration volontaire des Français ne donna pas les résultats escomptés. Il y eut aussi une politique de transportation de femmes françaises, car la colonie en avait peu qui puissent accepter de se marier avec des libérés. C’est pourquoi, en 1894, le gouverneur transforma l’île en colonie d’immigration approvisionnée par des travailleurs étrangers sous contrat. La société Le Nickel, la SLN constituée en 1880, fit venir un grand nombre de travailleurs asiatiques, particulièrement entre 1895 et 1900. Les Mélanésiens, au nombre de 45 000 en 1887, ressentirent aussitôt les effets de cette vague d’immigration, car elle les priva d'une grande partie des terres qui leur avaient été réservées. Plus tard, ce furent des Vietnamiens (et/ou des Tonkinois) qui arrivèrent pour participer à l’extraction minière.
Cette période d’immigration explique la grande diversité ethnique du peuplement actuel de la Nouvelle-Calédonie. À la fin du XIXe siècle, le territoire comptait 20 000 habitants d’origine européenne; plus de la moitié d’entre eux étant des anciens forçats. En 1901, on ne recensait plus que 27 000 autochtones, soit 18 000 de moins qu’en 1887.
La politique d’immigration continua, mais elle soulevait la colère des autochtones qui se voyaient ainsi mis en minorité sur leur propre territoire. En 1954, il fallut même demander à des Vietnamiens de retourner dans leur pays d’origine. Entre 1969 et 1976, plus de 15 000 (peut-être 20 000) nou-veaux immigrants arrivèrent, dont de nombreux rapatriés français, des «pieds-noirs» d’Algérie, puis des Tahitiens, des Antillais, des Réunionnais, etc.
Toute cette immigration nouvelle a favorisé, d’une part, la construction de grands ensembles urbains contraires à la tradition mélanésienne, d’autre part, l’exploitation minière dont les retombées économiques ont surtout bénéficié aux exploitants européens plutôt qu’aux travailleurs autochtones. Cette situation provoqua un très vif sentiment de révolte chez les descendants des premiers habitants de l’île, qui s’étaient vus ainsi mis en minorité. Les autochtones, dépossédés de leurs terres et de leur sous-sol, ainsi que de leur identité culturelle, exprimèrent alors leurs frustrations et leurs colères dans des revendications politiques indépendantistes.
A partir de 1921 furent, par exemple, interdites toutes les publications dans les langues kanakes. Il était entendu par les autorités que de toute façon ces langues s'éteindraient en même temps que la «race kanake».
En réalité, la politique d’immigration a toujours été soigneusement planifiée par le gouvernement français. Ce dernier n’était pas sans savoir que celle-ci suscitait, pour employer un euphémisme, le «mécontentement» généralisé des populations autochtones. C’est que l’immigration massive, si elle réussissait, pouvait finir par les anéantir, réglant ainsi le problème de ce territoire si rébarbatif. En 1972, voici comment, au moyen d’une circulaire, s’exprimait le premier ministre français de l’époque, Pierre Messmer:


"La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf une guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par quelques alliés éventuels dans d'autres communautés ethniques venant du Pacifique. À court et à moyen terme, l'immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d'outre-mer (Réunion) devrait permettre d'éviter ce danger, en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés".
 

 

Il s’agissait bien d’affaiblir les populations autochtones, de les rendre minoritaires par une politique d’immigration massive. Quelque 20 000 émigrants supplémentaires, des Français métropolitains, puis des rapatriés d’Algérie et du Maroc vinrent alors s’installer en Nouvelle-Calédonie. Ils furent suivis par des travailleurs venus de la Polynésie française, de Wallis-et-Futuna et des Antilles.
La colonie française de la Nouvelle-Calédonie ne dut son «succès» qu’à la confiscation des terres des autochtones au profit des immigrants, français ou autres. Dans une lettre du 23 octobre 1856, le commandant Testard, alors responsable de la colonie, décrit ainsi la mentalité des premiers temps de la colonisation: Le Calédonien [le Kanak] est intelligent, mais c’est un monstre de perversité. Il faut commencer par détruire cette population si l’on veut vivre en sécurité dans le pays... Le seul moyen qui paraisse un peu praticable pour en venir à bout serait de faire des battues comme pour les loups en France.
Une circulaire de 1866 édicte que : «Les Indigènes sont seulement usufruitiers et non pas propriétaires.» Et puisqu’ils n’étaient que simples usufruitiers, l’État devenait ainsi le propriétaire légal de l’ensemble des terres des indigènes!
Les réserves autochtones étant bien délimitées sur le territoire, l’État se réserva «la propriété des mines, minières, cours d’eau de toutes sortes et sources», ainsi que la bande littorale tout en se garantissant le droit perpétuel d’expropriation. En mars 1876, un simple arrêté précisa que la tribu demeurait «autant que possible sur le Territoire dont elle a la jouissance traditionnelle». Autrement dit, les Kanaks n’avaient plus que les terres que l’État voulait bien leur laisser.
Dans la Grande Terre, les autochtones furent, au fil des ans, dépossédés de plus de 80 % de leurs terres ancestrales, sauf aux îles Loyauté où celles-ci restèrent intactes. Et la plupart des terres qui leur furent attribuées étaient confinées dans les montagnes ou sur la côte est, alors que les terres cultivables et les plaines fertiles de la côte ouest finirent pas appartenir aux immigrants français dont certains devinrent de grands propriétaires terriens à l’exemple de ce qui était advenu en Australie, en Argentine ou dans le Far West américain. En même temps, les cultures agricoles traditionnelles des autochtones, comme l'igname, le taro, le bananier, le manioc, l’arbre à pain, le cocotier, etc., ont cédé la place à l’agriculture coloniale, c’est-à-dire aux potagers, vergers, champs de café, fourrage pour l'élevage bovin, etc.
Comme si ce n’était pas assez, le gouvernement français imposa, en 1887, le Code de l’indigénat à toutes ses colonies. En Nouvelle-Calédonie, ce code assujettissait les autochtones aux travaux forcés, à l’interdiction de circuler la nuit, aux réquisitions, aux impôts de capitation (taxes) sur les réserves et à un ensemble d’autres mesures tout aussi répressives. Le Code de l’indigénat distinguait deux catégories de citoyens: les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français, c’est-à-dire les Africains noirs, les Malgaches, les Algériens, les Antillais, les Mélanésiens, etc.
Les sujets français soumis au Code de l’indigénat furent privés de la majeure partie de leur liberté et de leurs droits politiques; ils ne conservaient sur le plan civil que leur statut personnel, d'origine religieuse ou coutumière. En somme, on peut dire que le colonialisme pratiqué en Nouvelle-Calédonie s’apparentait à une sorte d’esclavage des populations autochtones: celles-ci furent dépouillées de toute leur identité
Ce système colonial qui semblait normal à l’époque, perdura jusqu’en 1946, soit plusieurs années après que les accords de Genève (le 23 avril 1938) eurent interdit toute forme de travaux forcés. Après la loi du 7 avril 1946 abolissant le Code de l’indigénat, les autochtones purent à nouveau circuler librement, de jour comme de nuit, et récupérer le droit de résider où ils voulaient et de travailler librement.

 

Extraits d'un article du centre de la francophonie des Amériques (Université Laval, Québec) manquant d'objectivité et trop ouvertement pro-kanak, mais très fouillé, qui montre bien, comme pour les Indiens d'Amérique, comment le colon blanc a dépouillé l'autochtone de sa terre, de sa langue...de tout !

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