ballade dure pour Chirac

Jacques Chirac n'est plus. Le monde entier a salué ce grand homme d'Etat, à la popularité planétaire. Une anecdote véridique à ce sujet : dans mes déplacements à l'étranger, je me souviens de chauffeurs de taxis sur d'autres continents que le notre qui me demandaient, dans les années 90 et 2000, de quel pays je venais, et quand je répondais "France" tous s'exclamaient immédiatement "Zidane, Chirac" !

Ouais, eh ben cette époque est révolue, et si demain je dis "France" en Indonésie ou en Colombie, j'aurai droit pour toute réponse à un silence poli.

Notre pays n'est plus sur la carte de l'imaginaire collectif terrien, il n'est plus incarné, nous ne jouons plus dans la cour des grands, nous sommes noyés dans la masse des anonymes, coincés entre la Finlande et le Gabon dans l'ordre alphabétique des nations.

Homme pudique, pour ne pas dire secret, il laisse à l'étranger le souvenir contrasté d'un personnage "charmant" ET "impitoyable". "Fidèle aux personnes", mais dans le même temps "infidèle à ses idées" : successivement anti-européen, puis pro-européen, par exemple. Faiblard en économie, et brillant en politique étrangère.

Clairvoyant dans ses analyses des dysfonctionnements du pays ou de la planète (comme Marx !) et ensuite incapable de trouver des solutions pratiques satisfaisantes (comme Marx avec le communisme !).
Que l'on se souvienne en 1995 de la "fracture sociale", ou en 2002 du sommet de la terre, et son célèbre "notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs". Dans les deux cas, ça a fait pschitt ! Il a préféré parcourir le monde ou faire des bons mots.

Quoiqu'il en soit, nous changeons d'époque avec la disparition du dernier des géants de la politique française...

...apprécié dans de multiples milieux éloignés des joutes électorales (paysans, sportifs, bons vivants, spécialistes des arts premiers et de l'extrême-orient, gros mangeurs...)

Et un champion du "bon mot". Du pain béni pour les humoristes.