un des plus grands pourfendeurs de la connerie humaine

Je suis fier de lui, car nous sommes du même sang. C'est le "cerveau" de la famille, le mec dont on n'aperçoit jamais les confins de l'intelligence.
Au cours d'une seule soirée en société, il peut captiver ses voisins de table dix fois de suite, sur des sujets n'ayant aucun rapport entre eux, et arrivait toujours à être à la fois drôle et brillant.
Peut-être parce qu'il est ingénieur de formation, il n'a ni lu de littérature ni écrit de sa vie, et puis, récemment, la retraite aidant, il s'est lâché, et a pris la plume.
Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, il délivre régulièrement des commentaires caustiques et bien sentis sur son compte Facebook, comme celui-ci :

DU "NIVELLEMENT PAR LE BAS" AU "PLUS PETIT DÉNOMINATEUR COMMUN"

Je ne pense pas qu’il faille absolument avoir fait don de son cerveau à un parti pour être un militant politique (même si je ne pense pas non plus le contraire); mais je trouve que le jargon des confréries en dit long sur la pensée qu’elles ont à transmettre. Ainsi, de même que le langage médical est savant et compliqué, le langage maritime concret et technique, le langage mathématique précis et abstrait, de même le langage militant lui est manipulateur, pédant et creux.
Et étrangement, on y perd tellement le sens critique qu’on ne se rend même plus compte en regardant les chaînes d’info à la télé que si le vocabulaire est idiot, c’est parce que la pensée qu’il veut véhiculer est idiote. J’ai ainsi ce soir entendu dans une même phrase qu’on voulait organiser le ‘nivellement par le bas’, et que ça n’était pas facile parce qu’il fallait trouver le ‘plus petit dénominateur commun’.

La première expression est populiste et totalement incohérente. En effet, niveler c’est aplanir et égaliser, ce qui revient en gros à araser les bosses pour combler les creux; et quand on fait ça c’est évidemment toujours un ‘nivellement par le bas’ pour les bosses en même temps qu’un ‘nivellement par le haut’ pour les creux.
Ainsi, quand j’écris que le PIB moyen par français (3270 €/mois) est presque 4 fois plus élevé que le PIB moyen par humain, il faut comprendre que si on égalisait le PIB sur l’ensemble du monde (845 €/mois pour tout le monde, services publics compris), ce serait bien sûr un épouvantable et cauchemardesque ‘nivellement par le bas’ notamment pour les Français, mais ce serait en même temps un féérique et merveilleux ‘nivellement par le haut’ pour les Congolais, les Libériens ou les Érythréens par exemple (avec actuellement un PIB par personne de 125 €/mois, ils verraient eux leur niveau de vie augmenter de presque 7 fois)!
Donc non, la mi-marée ne sera jamais ‘le nivellement par le bas’ de la marée haute ni d’avantage ‘le nivellement par le haut’ de la marée basse! C’est le niveau moyen, point.

Dans la même lignée, la seconde expression de ‘plus petit dénominateur commun’ quant à elle est pédante et complètement stupide. On peut chercher plein de choses dans le domaine des mathématiques et certaines de toute évidence ne sont pas faciles à trouver (on a mis plus de trois siècles à démontrer la conjecture de Fermat, et il en faudra peut-être autant pour celle de Poincaré). Mais pourquoi aller dans l’univers des mathématiques inventer cette notion crétine de ‘plus petit dénominateur commun’, qu’en général d’ailleurs on explique que les gens n’arrivent pas à trouver, alors qu’il n’est pas besoin d’avoir fait d’études très approfondies (à mon avis le CE1 doit suffire) pour se rendre compte que le nombre 1 est le premier facteur de toutes les tables de multiplication. Faut-il alors aller chercher plus loin ce ‘plus petit dénominateur commun’?

Bref, cette phrase entendue ce soir au détour d’une interview m’a, à elle seule, fait penser que le militant politique qui l’a prononcée (pourtant un responsable) avait pour principal souci de faire du bruit avec sa bouche alors que son cerveau était déjà en we (curieux peut-être du résultat du match du PSG, ce qui d’ailleurs le rendrait plutôt sympathique).
Comme le disait à l’époque Pierre Desproges à propos de Michel Leeb qu’il n’aimait pas beaucoup: «C’est un grand artiste; il parle avec son cœur, il pète avec sa bouche...».