un sandwich, c'est pas bon !

Beurk !

C’est l’odeur de cramé qui m’a le plus marqué. Une satanée odeur qui n’avait pas disparu une heure après qu’un abruti m’ait embouti par l’arrière.

Difficile, même quelques heures après, de remettre dans l’ordre plusieurs évènements intervenus en un bref instant.

Je venais de m’engager sur la bretelle d’accès à l’A4 à hauteur du pont de Charenton. La route descend sur une centaine de mètres, et le cédez-le-passage n’est en principe qu’une formalité, on s’engage sur l’autoroute à 30, 50, voire 70 km/h.

Cela peut sembler beaucoup, c’est en fait assez lent, car il faut s’intercaler (il n’y a pas de voie de lancement, sur laquelle accélérer) entre des véhicules roulant au moins à 100.

Là, ce midi, je me retrouve derrière un conducteur du dimanche (en réalité, une conductrice, mais si je dis ça, on va dire que je critique le style de conduite prudentissime de certaines femmes) qui préfère faire un stop. Je m’arrête sagement derrière elle, sachant qu’il faudra sans doute être patient pour se lancer dans le trafic sur un départ arrêté.

Les faits suivants se déroulent tous dans la même fraction de seconde et sont, en principe dans cet ordre là :

- Je regarde fixement devant moi, guettant le moment où la voiture devant redémarrera ;

- Bien que mes yeux soient dirigés vers le centre du pare-brise, une infime partie de mon regard aperçoit dans mon rétroviseur intérieur une masse sombre fonçant sur moi. Impossible de dire quoi, trop furtif, mais un signal suffisant pour que je ne sois surpris par rien de ce qui pourrait arriver dans la fraction de seconde suivante. Si c’est un nuage noir dans le ciel, tant mieux. Je n’ai pas eu le temps de distinguer une voiture se rapprochant à trop vive allure, ce qui m’a enlevé la peur de l’accident (quoi de plus terrible que de le voir arriver !), mais la chance, je crois, de pressentir quelque chose, ce qui m’a enlevé aussi l’effet de surprise totale ;

- Ensuite, naturellement la voiture derrière moi me rentre dedans. Assis le dos bien calé dans mon siège, je ne subis pas le coup du lapin. A tel point bien calé que, s’il n’y avait pas eu de voiture devant, je pense que je n’aurais quasiment pas senti de secousse  ;

- Mais sous l’impact, ma voiture rentre dans celle de devant, toujours à l’arrêt ;

- Malgré le déclenchement de l’air-bag au moment de ce second choc, je suis projeté en avant et mon nez cogne le volant et se met à saigner.

- Une forte odeur de roussi envahit alors le véhicule.

- Je ne bouge pas immédiatement de mon siège, sans doute étonné que mon dos, si fragile, soit intact. Profiter, en quelque sorte, encore quelques secondes de plaisir d’avoir un corps entier. Et penser à appeler l’école, car mon cours ne va tarder à commencer, et je dois prévenir que je ne pourrai pas l’assurer.

Voilà, les dégâts matériels n’ont pas l’air trop important, mais je vous promets que ça a cogné un grand coup (je n'en ai ressenti qu'un seul, mais il y en a eu deux ! Beurk, pas bon d'être pris en sandwich). Je sors du véhicule et me rends compte que je n'ai rien. Reste à remplir deux constats (hi hi hi !) et à laisser la voiture au garage (c’est amusant de conduire avec les deux air-bags grand ouverts).

Et à sortir de cet habitacle qui sent encore le cramé.





Le soir, je me dis que la vie est quand même plus facile au cinéma ! On se prend pour Mad Max, on met Motörhead à fond (Ace of spades !), on est invulnérables ! Quel pied !