Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2009-06-29T04:57:00+02:00

Lettre ouverte à la Grande Faucheuse

Publié par undetension



"Bonjour

Je connais ta fonction, Grande Faucheuse, je te respecte, je me soumets à ta loi implacable, mais là, hier, tu as failli aller trop loin. Et malgré une bonne résistance, là, je sens que je vais bientôt être à bout nerveusement : alors s'il te plaît, lâche-moi un peu les baskets.
S'il était dans l'ordre des choses que tu emportes mon vieil oncle (je passe sur la cruauté de m'enlever mes deux derniers oncles, l'un paternel, l'autre maternel, en moins de six mois), pourquoi, deux jours après des obsèques, m'obliger à regarder impuissant un grand ami dévisser en montagne, le voir dévaler à toute vitesse, comme un pantin désarticulé, la pente rocheuse, sur plusieurs dizaines de mètres, et entendre un montagnard du coin qui a vu la scène dire "oh, ben, là, c'est sûr qu'après une chute pareille, il est forcément décédé".
Même si mon ami n'est pas mort hier après-midi, il l'a frôlée, et c'est un second miracle qu'il s'en soit tiré avec seulement une vertèbre cervicale et une autre lombaire touchées. Pas d'opération, juste trois mois d'immobilisation et de repos : ouf. Faut-il te remercier et considérer que tu as fait preuve de mansuétude ?
Putain, non, alors, tu vas trop loin, tu rôdes autour de moi, tu as failli m'enlever mon fils hier, quand une petite roche lancée à pleine vitesse est passée à dix centimètres de lui, quelques fractions de secondes avant que J.L.R. ne bascule dans le vide. Tu as surtout amoché mon ami, lui qui avait si bien organisé ce week-end de rando (ci-dessus à gauche, en pleine explication des dangers de l'Arcalod).
Et moi je n'arrête pas de revoir dans ma tête ce copain roulant comme un fêtu de paille, depuis hier j'ai dû revoir ce cauchemar une centaine de fois.
Trop, c'est trop, là, tu arrêtes, je n'en peux plus. Après les secours par hélicoptère, l'attente à l'hôpital de Chambéry, il a fallu que je prenne le volant, que je ramène les trois ados sur Paris (arrivée ce matin à 2h) sans permis de conduire, dans la voiture du copain accidenté. C'est bon, là, oh, STOP !"



P.S. aux lecteurs : pas ou peu d'articles sur ce blog dans les prochains jours, vous comprendrez.
P.S.S. : bravo à mon fiston, ci-dessous au premier plan, qui a gravi puis redescendu ce sommet sans souci.



Mais je persiste à dire que c'était trop dangereux pour des randonneurs du dimanche comme nous, dont l'Everest est le bois de vincennes. Est-ce un signe que ce soit le plus chevronné qui ait chuté ? Pour lui dire qu'il avait pris des risques en nous emmenant là ? Mystère. Ce qui est certain, c'est que ce genre d'escalade, c'est fini pour moi. Et j'espère convaincre mon fils.


Voir les commentaires

commentaires

L
Comment ça plus d'article pendant un certain temps? Mais je ne suis pas d'accord, d'abord!Quoi, tu vas te laisser mener par le bout du nez par cette emmerdeuse qui après t'avoir fait le coup du "plus jamais" ce dit que tu es resté trop zen et envoie tes amis faire des galipettes dans les rocheuses? Non, mais, depuis quand tu laisses les casse-peids, te casser les pieds? Aller, coeur vaillant en bandoulière et de l'avant, de l'avant .....Je t'embrasse tendrement.
Répondre
P
Tu sais, Gilles... ce n'est pas une question, tu le sais...On se croit invincibles, immortels... la vie, facile ou cruelle est notre drogue et si il arrive, au détour d'un automne de se dire qu'il y en a moins à vivre que ce que l'on a vécu, on se détourne de cette pensée comme d'un blasphème ou... on sombre.Une nouvelle fête arrive pour un nouveau premier janvier. La famille est là, les enfants sont là et même les petits enfants... on danse, on rit, on boit un peu trop, on dit à tous qu'on les aime, on se sent belle, jeune... et on l'est.Et puis un matin, quelques jours à peine plus tard, en quelques secondes le monde se met à tourner comme une toupie folle. Une minuscule grosseur, un médecin, un spécialiste, une radio, une scintigraphie, un scanner... on est happé, mordu, sali de traits de crayons comme d'un tag obscène et on se dit que ce cancer, c'est la mort qui frappe au coeur. Que la tumeur soit au sein, au ventre ou ailleurs, peu importe, elle ne cesse plus de bavarder quand on envie de silence, ou de rires, surtout de rire et c'est bien au coeur qu'elle frappe !Alors, on a peur.Nous sommes tous pareils, nous avons tous besoin d'adrénaline, au moins de temps en temps, de flirter avec le danger, de connaître de nouvelles sensations ou de renouveler celles que l'on connaît déjà... pour se prouver qu'on vit bel et bien et que, oh comme c'est bizarre, que l'on vit !Non, il ne faut pas courir de risques juste utiles à se sentir vivants tant qu'on l'est. Et tâcher de le rester.Quand un cancer frappe, au sein, parfois, au coeur, toujours, on se dit que la vie porte elle-même assez de sensations si l'on suit son coeur, justement, et que cela suffit amplement à la remplir, cette vie si fragile. Les randonnées les plus belles sont celles que l'on fait, parfois sans bouger avec les personnes que l'on aime. Tu sais, il faudrait le dire à ton fils... mais tu le sais !Je t'embrasse bien fort et t'envoie plein de courage !
Répondre

Girl Gift Template by Ipietoon Blogger Template | Gift Idea - Hébergé par Overblog