"Quand je traînais encore ma raquette sur les courts, on n'était pas ridicules, loin de là, face à nos amis espagnols. Pareil sur les terrains de foot, les parquets de basket ou les routes du Tour de France.
Aujourd'hui, ils courent plus vite que nous, ils sont beaucoup plus costauds et ne nous laissent que des miettes. A côté d'eux, c'est simple, on a l'air de nains. Qu'est-ce qu'il s'est passé qu'on aurait raté ?
Une question me taraude : comment une nation peut-elle du jour au lendemain dominer le sport à ce point ? Auraient-ils découvert des techniques et des structures d'entraînement avant-gardistes que personne avant eux n'avait imaginées ? J'ai cherché et je n'ai trouvé aucune de ces innovations répertoriées ou documentées, même si je peux comprendre qu'on n'a pas forcément envie de se faire copier quand on a un secret à garder. Entre nous, j'ai beaucoup de mal à croire à cette hypothèse. Car, aujourd'hui, le sport c'est un peu comme Astérix aux Jeux olympiques : si tu n'as pas la potion magique, c'est difficile de gagner. Et là, on a l'impression que, comme Obélix, ils sont tombés dans la marmite. Les veinards." (...)
[suite, écrite quelques jours plus tard]
Yannick Noah
extrait d'un article paru dans Le Monde du 19-11-11
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