succès garanti chez les anti-cléricaux

Plus irrévérencieux avec la religion, tu meurs ! Telle semble être la devise de Verhoeven qui, pour son sixième film (le cinquième, Spetters, n’est pas dans le coffret de d.v.d. commenté ici), pousse le bouchon toujours plus loin. L’acteur principal, qui pour une fois n’est pas R. Hauer, est lui aussi extrêmement impliqué et convaincant dans ce rôle difficile d’écrivain tourmenté, en proie à des hallucinations cauchemardesques, mêlant paranoïa, blasphème, sexe, sang et homosexualité.

Par contre, Verhoeven a gardé son formidable directeur de la photo de ses débuts, De Bont, qui finira lui aussi réalisateur à succès à Hollywood. Là, il arrive à créer une vision onirique à la fois bunuelienne et rembranesque.

Le profane et le sacré sont explicitement et allègrement mélangés (massacrés diront certains), la vision du générique du début permet d’ailleurs à elle seule de s’en convaincre. Une araignée dévore un insecte pris dans sa toile. Puis le plan s’élargit progressivement : on découvre alors que la toile repose sur un crucifix !

Ensuite, il y aura par exemple une belle blonde veuve, possible tueuse en série, qui annonce clairement Basic Instinct (les ciseaux préfigurant le pic à glace), une scène de sexe homo dans le caveau d'un cimetière, un accident de la route très sanguignolent, sans que l’on sache jamais vraiment ce qui est déliré par le héros et ce qui se passe réellement dans sa vie. Après avoir vu  Le quatrième homme, on comprend mieux pourquoi on parle du « sulfureux » Verhoeven : il cherche le scandale en permanence !

En réalité, ce n’est pas gratuit, et derrière ces provocations, il y a de nombreuses questions. Verhoeven n’a pas son pareil pour sous entendre qu’il y a « aussi » quelque chose de pourri dans les institutions (religieuses ou non), les familles (qui s’estiment toutes de bonne moralité), les individus (qui s’estiment tous honnêtes, exemplaires, vertueux).

Un film vraiment original et décapant.

Pour revenir au coffret dans son ensemble, il offre donc cinq des six premiers films du réalisateur, couvrant la période amstellodamoise (bien que Le quatrième homme se passe essentiellement en province), pour la modique somme de 35€. Et la possibilité de les visionner avec les commentaires de Verhoeven, une forte plus value.

N.B.: Lire cette excellente bio express d’une page, tout y est dit.